EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE Organisée par la Mairie d'Entraunes / Syndicat d'Initiative d'Entraunes -Estenc du 1er au 18 août 2002
Réalisation: Marion Bensa (Mairie d'Entraunes / Syndicat d'initiative)Avec le concours du service R.T.M.06, de l'O.N.F. 06 et du Parc National du Mercantour Serge Goracci pour Alpes Azur Patrimoine et 1732 Académie du Val d'Entraunes
Remerciements à :
Daniel Demontoux (Maire d'Entraunes) pour son initiative.
Philippe Chavignon et Jean-Luc Demierdjian (RTM 06), Jacques Comengre (ONF Guillaumes) pour leur collaboration.
Mireille Barascud, Daniel Demontoux, Anne-Marie Desprez, Françoise Gilloux, Catherine Payan, Claude et Maryse Payan, Françoise et Maurice Payan, Vincent Tardieu pour leur précieuse aide au montage de l’exposition.
Les reboisements du val d'Entraunes entre 1887 et 1960
La naissance de la R.T.M.
En France, au cours du XIXème siècle, la pression démographique en montagne multiplie les déboisements et les abus de pâturage, aggravant ainsi les effets de la torrentialité naturelle et de l’érosion toujours plus grande des sols dans les versants. La situation devient particulièrement alarmante dans les années 1850-1860 à la suite de crues dévastatrices.
Une prise de conscience de ce problème au niveau national aboutit à la loi sur le reboisement des montagnes édictée le 10 juillet 1860 et complétée par celle du 9 juin 1864 sur le regazonnement des montagnes. Ces textes marquent le point de départ d’une tâche immense et difficile dont l’objectif initial était d’assurer la protection de la vie rurale en montagne contre les dégâts susceptibles de lui être causés par l’activité des torrents et d’assurer une protection contre les inondations en plaine. Après une période d’essai et d’expériences diverses, la loi du 4 avril 1882, vient donner à la Restauration des Terrains en Montagne sa véritable charte, complétée en 1912 et encore en vigueur de nos jours.
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La Loi du 10 juillet 1860 sur le reboisement en montagne
Cette loi avait pour but « la sécurité des grandes vallées d’aval " et pour moyen, le reboisement de la plus grand surface possible de montagne afin de régulariser les régimes des eaux Cette loi rencontre de vives oppositions parmi les populations locales qui brutalement se voient d’une part privées de responsabilité en matière de décisions, d’autre part obligées d’exécuter à leur frais des travaux dans des périmètres définis arbitrairement par l’Etat » C’est parmi les éleveurs, que la loi de 1860 rencontre les opposants les plus virulents, car les zones où le reboisement était rendu obligatoire étaient prioritairement les pâturages communautaires utilisé par les éleveurs les moins aisés.
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La loi du 9 juin 1864 sur le regazonnement des montagnes
Les pouvoirs publics, voulant obtenir davantage de coopération de la part des populations montagnardes, promulguent une nouvelle loi avançant l’idée qu’un pâturage bien géré est aussi utile qu’une forêt pour réduire l’érosion. Cette nouvelle loi précisait : « les terrains situés en montagne et dont la conservation est reconnue nécessaire par suite de l’état du sol et des dangers qui en résultent pour les terrains situés en contre-bas et à l ‘aval, peuvent être, suivant les besoins de l’intérêt public, ou gazonnés sur toute leur étendue, en partie gazonnés et en partie boisés ou reboisés en totalité. » Malgré ce pas important franchi, les éleveurs restent réticents, sans doute par méfiance.
Les forestiers, chargés de l’application de ces lois, sont obligés de rivaliser d’astuces pour convaincre de la nécessité et de l‘efficacité de la restauration des terrains dans les versants des montagnes. Pour cela, ils reboisent tout d’abord les bassins torrentiels actifs qui menaçaient les habitats traditionnels en les équipant aussi d’ouvrages de génie civil dont les effets sont rapides. Cependant l’autorité locale est dépossédée au profit du seul État qui, conscient d’exprimer la solidarité nationale, revendique et assume la direction de la lutte contre les risques naturels. C’est dans ce contexte, à partir de la loi de 1860 que prit corps le service chargé de la Restauration des Terrains de Montagne – RTM – qui avait pour mission de faire appliquer ces deux lois.
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Loi du 4 avril 1882 sur la restauration des terrains en montagne.
Une nouvelle loi, celle du 4 avril 1882, se substitue aux deux précédentes et accentue le transfert des responsabilités entre les mains de l’ État. Cette loi fixe, en effet, les périmètres à restaurer et confère à l‘État la possibilité d’user du droit d’expropriation pour se rendre propriétaire des terrains sur lesquels il aura à intervenir. Ces terrains acquis par l’État portent le nom de périmètres domaniaux de restauration des terrains en montagne.
Portrait de Propser Demontzey (1831-1898).
Ces périmètres se limitent aux seules zones où le danger est né et actuel, c’est à dire des terrains très dégradés, sur lesquels il était urgent d’entreprendre des travaux associant des actions de reboisement (génie biologique) avec des corrections torrentielles (génie civil). L’État, propriétaire de ces terrains, réalise et finance les travaux nécessaires..
Cette « déresponsabilisation » dont les collectivités locales furent conscientes n’empêche pas la RTM d’acquérir une bonne image de marque. L’agent RTM devint le « représentant de l’État au niveau local ». Ainsi la loi de 1882 apparaît-elle aujourd’hui comme une véritable loi d’’aménagement du territoire.
En 1913, à la suite des inondations de 1910, le gouvernement décide d’accroître les zones d’action de la loi de 1882. L‘utilité publique des périmètres ne concerne plus seulement les zones de danger né et actuel mais s’étend aux zones où le reboisement s’imposait en raison du caractère latent du danger (en vue de la régularisation du régime des eaux). On passe alors d’une démarche curative à une démarche préventive.
Partie II. La mise en place du service RTM dans le Val d’Entraunes
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Les terrains périmétrés
Les premières actions du service RTM consistent à périmétrer les terrains les plus dégradés dont l’effondrement mettrait en danger les populations situées en aval
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Les brigades topographiques et photographiques
Dans un souci de mémoire et de rigueur scientifique, le service RTM met en place des brigades topographiques et photographiques. Ces premières photos témoins, prises avant l’intervention du service de reboisement, sont des archives inestimables pour montrer la situation catastrophique de certains versants. Datant d’Août 1887, les premières photos d’Entraunes, archivées au service RTM des Alpes-Maritimes, permettent de mieux appréhender les profonds changements du paysage intervenus durant le siècle dernier. Le plan cadastral accompagnant chaque photo permet d’exécuter des photos similaires plusieurs années après, ceci dans le but de réaliser des séries comparatives. Ces séries sont la preuve irréfutable du succès des reboisements entrepris par les agents RTM. Certaines photos sont aussi annotées et décrivent les lieux et leur utilisation.
[186-18] Août 1896 - Gias de Rochas. La brigade topographique en opération dans la division n°5. © Fonds R.T.M 06 -
Achat de parcelles par l’État
Parallèlement, l’État entreprend l’achat de parcelles dont la forte dégradation nécessite la mise en œuvre d’importants travaux de restauration et de reboisement.
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1892 Acquisition de terrains communaux. [Voir Alpes Azur Patrimoine]
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1892 - Acquisition de terrains communaux - [06056-AN-01030] - Fonds 1732 Académie du Val d’Entraunes
1950 - Acquisition de terrains communaux - [06056-AN-01031] - Fonds 1732 Académie du Val d’Entraunes - [
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1951 - Acte de vente de terrains communaux à l'administration
(Lire le document complet ICI)
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1951Cadastre révisé après l’achat de parcelle par l’administration
1951 - cadastre révisé - du Cros au Pont St Roch [06056-AN-01033] - Fonds 1732 Académie du Val d’EntraunesPartie III.Entraunes et sa triste situation au XIXème siècleLes archives communales renseignent sur les problèmes importants de surpopulation et par conséquent de l’utilisation excessive des pâturages et des forêts. Les incendies fréquents menacent sans cesse les fermes et le village. Pour la reconstruction des maisons, charpentes et boiseries, il est nécessaire de couper de nombreux arbres. Ceci entraîne sur la commune une dégradation importante des versants des montagnes. L’érosion et les mouvements de terrain sur Entraunes sont importants. De nombreuses avalanches ravagent les versants dénudés des vallons. Des laves torrentielles (écoulement de masses boueuses plus ou moins chargées en blocs de toutes tailles) se produisent lors des crues. Les eaux sont canalisées par le lit torrentiel et comportent au moins autant de matériaux solides que d’eau.
À la fin du XIXème siècle, une législation s’impose avec l’implantation de l’administration des Eaux et Forêts qui exige un contrôle et une restriction de l’usage des arbres.
La population locale se sent ainsi dépossédée de ses biens forestiers alors que dans ce milieu rural et montagnard, les forêts et leurs bois sont fortement convoités. Par exemple, l’élagage ou l’extraction des menus produits forestiers sont dorénavant soumis à une réglementation. Par la suite, les conflits entre l’administration des Eaux et Forêts et la population locale tendent petit à petit à diminuer, celle-ci se rendant compte que les travaux de reboisement contribuent à son mieux-être ; les importants aménagements de terrains et chemins entrepris exigent notamment un grand nombre de journées de travail normalement rémunérées ... à la grande satisfaction des Entraunois. En 1911, on recense trois surveillants pour le reboisement, donc trois équipes employées à temps complet durant la belle saison.
[1-1 cadastre] Bassin de réception, berges, laves, lit et cône de déjection du Ravin d’Astuce, affluent du Var. Rive gauche
[1-1 Astuce] Août 1887 Bassin de réception, berges, laves, lit et cône de déjection du Ravin d’Astuce, affluent du Var.
Rive gauche © Fonds R.T.M 06
[9-9 cadastre] Eboulements marneux sur la rive gauche du torrent de Bourdous.
[9-9] Août 1887 – Résultat d’une avalanche en 1872 dans la forêt communale. Eboulements marneux sur la rive gauche du torrent de Bourdous. Au fond la Tête de l’Encombrette (2662 m), le Pas des muletiers © Fonds R.T.M 06
1878 Etat des parcelles boisées de la commune d'Entraunes [06056-AN-01037]
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1879 Autorisation d'élagage [Voir Alpes Azur Patrimoine [06O56-AN-01036]
[1879] Autorisation d'élagage - Entraunes - [06056-AN-01036] - Fonds 1732 Académie du Val d’Entraunes -
1892 Note sur les terrains communaux non soumis au régime forestier (Voir Alpes Azur Patrimoine 06O56-AN-01038]
1892 – Renseignements sur la commune en 1892 - [06056-AN-01038] Fonds 1732 Académie du Val d’Entraunes -
1929 Arrêté relatif à l'extraction des menus produits du sol forestier (Voir Alpes Azur Patrimoine [06O56-AN-01035]
[Lire le document complet ICI] -
1880 Rejet de la demande formulée par la municipalité d'Entraunes d'une coupe de bois extraordinaire
- 1938 Rapport de l'inspecteur des Eaux et Forêts suite à la pétition collective des habitants d'Estenc concernant le manque de bois de chauffage. [06056-AN-01034]
Partie IV. Les campements et les chemins
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Les chemins
Pour accéder aux chantiers et aux cabanes forestières des campements, les ouvriers ont réalisé de nombreux sentiers sur le territoire de la commune. On peut citer bien sûr les superbes ouvrages en pierre dans les vallons de Sanguinière et de la Roche trouée. Ces voies d‘accès qui datent du début du XXème siècle sont encore en parfait état ; on les utilise aujourd’hui pour la promenade et la randonnée
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Le chemin du Bourdous
Le vallon de Bourdous a toujours posé beaucoup de difficultés aux générations passées à cause de l’instabilité du terrain. Un texte écrit par un préposé des Eaux et Forêts au dos d’une photo, relate les travaux réalisés par les ouvriers du service RTM à la fin du XIXème siècle pour faciliter l’accès aux cabanes de la Boulière. Les ouvriers du reboisement s’occupent aussi de la réfection d’autres chemins comme le chemin des Traverses actuellement nommé « vieux chemin d’Estenc ».
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Extrait du livret journalier des brigadiers Lance (1935 à 1940) et Susini (1940 à 1948)
14 novembre 1939 Tournée aux baraques du Garret avec les gardes Roubin et Maria où nous avons vérifié si rien n’avait été volé alors qu’elles avaient été ouvertes par des inconnus et dont la constatation avait été faite le 11 par le garde Roubin. Vérification faite, rien ne manque et comme dégâts, seul un carreau cassé au gîte, arraché des plants de sorbier des oiseleurs que nous avons transportés au chantier de plantation de Villeneuve, départ 7 h, retour 17h10.
29 octobre 1942 A Entraunes de 10h à 13 h, fait l’inventaire du magasin, constaté qu’il manquait 11 bols et 1 saladier et plat fonte émaillé.
2 novembre 1942 Avons constaté qu’on avait forcé la porte de la vieille baraque de Sanguinières. On n’avait fait aucun dégât. Fait l’inventaire des baraques de Sanguinières et celle du Garret. Avons constaté qu’il manquait quelques objets, remis au garde Ballalal la clef des baraques et l’inventaire de la Couasta en le priant de monter faire cet inventaire le mardi 3. Quitté le garde vers 15h.
3 aout 1943 L’après- midi monté au Garret avec le garde Berthon. En arrivant au Garret avons constaté qu’un étranger avait forcé la fenêtre de la cabane en faisant sauter la fermeture du volet extérieur et deux vitres aux deux fenêtres intérieures. A l’intérieur nous avons constaté qu’ils avaient fait sauter la serrure d’une caisse à couvertures et voler 8 couvertures.
5 août 1943 L’après midi monté au Garret avec le brigadier de gendarmerie pour continuer notre enquête sur le vo commis au gîte. Arrivé au Garret vers 22h avons trouvé le garde Ollivier.
6 août 1943 Le matin fait l’inventaire du matériel, constaté qu’il ne manquait que les 8 couvertures et les denrées alimentaires. Continué l’enquête pour rechercher les auteurs du vol. le brigadier de gendarmerie a interrogé quelques témoins dont les déclarations nous ont fait soupçonner les élèves du centre professionnel du Parc Impérial en vacances au refuge d’Estenc. Sommes allés jusqu’au refuge où nous avons pu après interrogatoire découvrir les auteurs du vol (*)
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Extrait du livret journalier du brigadier Susini
10 mai 1946 Monté à Entraunes avec le garde Ollivier et Monsieur Lions, maire d’Entraunes. Avons visité le chemin réparé le long du Var d’Entraunes à Estenc.
28 mai 1946 Vu le garde Ollivier à qui nous avons donné des instruction pour les réparations du chemin de la série d’Entraunes et les travaux de la pépinière.
7 juin 1946 Parti à 6 h pour nous rendre à la pépinière du Garret. Travaillé à la pépinière pour semer les mélèzes avec trois ouvriers. Visité les travaux de réparation des chemins
[206-19] Septembre 1897 – Division 1. Campement de la Boulière. Au fond les aiguilles de Pelens, le Cairas, la Frema, la Pelonnière - © Fonds R.T.M 06
[238-26] Juin 1898 - Vue du torrent de la Gipière dans la division n°4 dite de Garet © Fonds R.T.M 06
[238bis-26] 1927 - Vue du torrent de la GIPIERE dans la division N°4 dite de GARET. Reboisement. © Fonds R.T.M 06[214-24 ] Septembre 1899 - Division N°3 Le campement de Sanguinières . Vue prise en se plaçant à 5O m au N-E des baraques. Crête Var-Verdon du col des Champs au Pas du Lausson. © Fonds R.T.M 06
[209-22 ] Septembre 1897 - du bassin de réception du torrent de Bourdous. © Fonds R.T.M 06[248-28] Avril 1906 – Baraque de la Boulière. © Fonds R.T.M 06DOCUMENT D'ARCHIVES
[06056-AN-01040] 1903 - Construction du chemin muletier de la Boulière. Fonds 1732 Académie du Val d’EntraunesPartie V.Le Génie civil et biologique -
Le génie Civil et biologique
Le service RTM a tout d’abord commencé par réaliser des ouvrages de génie Civil pour le traitement de correction torrentielle afin de juguler l’érosion. Ces ouvrages doivent permettre la stabilisation des bergs par atterrissement en amont des retenues et ainsi faciliter l’amorce de la végétalisation.
Certains versants et berges font aussi l’objet de travaux de génie biologique. Plusieurs procédés sont alors utilisés : fascines, clayonnages ou banquettes (réalisation se banquettes en mottes de gazon) sont mis en place et seront ensuite plantés de boutures de végétaux ligneux ou herbacés. A titre documentaire, on peut citer de nombreux d’ouvrages réalisés entre 1875 et 1988 dans les Alpes-Maritimes :
- 480 barrages et contre-barrages
- 17 000 seuils et ouvrages de petites corrections
- 15 600 m de clayonnage
- 600 000 m de fascinages
Les mesures de corrections actives
La revégétalisation sur petites banquettes
Il s’agit d’apporter une aide à la colonisation de versants ou de talus dénudés soumis à un phénomène d’érosion par un ruissellement important.
Le principe est de construire, en courbe de niveau, des banquettes atterries artificiellement et plantées d’espèces herbacées et/ou arbustive ; Le rôle de la banquette est tout d’abord de limiter le ruissellement, donc le décapage du versant, puis de soutenir mécaniquement un atterrissement meuble pour permettre le développement d’espèces adaptées. La construction était réalisée avec du matériel végétal, piquets en bois et branchages. Ces banquettes plutôt anciennes portant le nom de fascines ou clayonnages
Les ouvrages de corrections de ravines
Ces techniques sont mises en œuvre pour réduire des ravinements ou des arrachements localisés hors des lits torrentiels. Les ouvrages sont constitués de seuils formant obstacle, en travers de la ravine, à tous les matériaux transportés par les filets d’eau. On plante à l’amont de ces seuils, dans le fond du talweg, des espèces végétales adaptées pour résister à l’érosion.
Les mesures de corrections passives
Les seuils ou petits barrages de stabilisation
Ces ouvrages sont destinés à stabiliser le profil en long du torrent. Naturellement le torrent tend à creuser dans les pentes fortes et à alluvionner dans les pentes faibles. Il érode donc la partie amont de son bassin versant en déposant en provoquant le recul progressif de la crête et alluvionne la partie aval en déposant les matériaux transportés (a). la correction torrentiel, en particulier la construction d’une série de seuils , consiste à transformer le profil en long naturel du torrent sauvage en une série de marches d’escalier faiblement inclinées vers l’aval (b). Ces seuils brisent l’énergie du torrent et provoquent le dépôt de matériaux à l’amont de chaque petit barrage, dont la retenue se comble peu à peu.
Partie VI. Le reboisement - Les pépinières
Extraits du livret journalier des brigadiers Lance (1935 à 1940) et Susini (1940 à 1948)
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Travaux à la pépinière
1er décembre 1935 Emballé et expédié dans la matinée 6 000 plants, moitié par moitié de pins sylvestres et pins noirs à Entraunes ; et 5 000 pins noirs environ le soir au brigadier à Touët sur Var.
17 décembre 1935 Arrachage avec l’ouvrier Gilloux de 8000 pins noirs que nous avons emballés et 4 000 pins sylvestres que nous avons mis en jauge, heures de travail 6 et demie, acheté 2 caisses d’emballage à Mr Sigaud Laurent 10 fr ainsi que 1 fr de pointes.
25 juin 1936 Tournée au Garret où avec le garde Roubin, nous avons mesuré la pépinière et pris les renseignements la concernant.
1er avril 1937Travaux à la pépinière, repiquage 50 plants, Thomel 9 h.
10 avril 1937 Reçu les graines de semences pour les pépinières de Guillaumes et Entraunes.
20 avril 1937 Continué les semis à la pépinière pour les graines de pins sylvestres, une forte gelée dans la nuit a détruit en majeure partie les semis de frênes qui levaient à merveille.
8 juin 1937 Tournée à la pépinière du Garret où nous avons porté des graines, le terrain est prêt à être ensemencé mais en raison de pluies constantes, il est trop détrempé.
30 juin 1937 Tourné à la pépinière du Garret où nous avons constaté que les rats faisaient des dégâts aux semis. Tournée à Sanguinières, départ à 9 h retour 19h.
21 février 1939 Tournée à la pépinière où nous avons constaté que le gel et le dégel avait déraciné pas mal de plants parmi les semis du printemps 1938.
30 mai 1939 Resté à la pépinière, fait arroser les semis, constaté que les pins sylvestres étaient atteints de maladie comme les années précédentes.
7 mai 1940 Tournée à la pépinière où un ouvrier est occupé au sarclage des plantations.
8 juillet 1940 Tournée à la pépinière où nous avons constaté que les semis étaient en raisons des pluies persistantes du mois de juin entièrement envahies par les mauvaises herbes, nous avons décidé de les faire à nouveau nettoyer par l’ouvrier Thomel.
11 avril 1942 Au poste travaillé à la pépinière et à remuer les pommes de pin.
12 avril 1942 Au poste reçu de Barbarous 13 sacs de pommes de pin. Occupé à les étendre pour les faire ouvrir.
7 mai 1942 A Nice. Vu Mr l’inspecteur adjoint au bureau de l’inspection, couché à Nice. Passé commande de 200 kg d’engrais complet.
9 mai 1942 Passé au ventilateur les graines de pin.. L’après-midi mauvais temps.
24 juin 1942 Parti en tournée au Garret. Semé trois kilos de graines de mélèze départ 7h retour 20h. Le locataire est arrivé ce jour avec ses bêtes.
12 juin 1944 A la Cayolle. Descendu le matériel des baraques du Garret et de Sanguinières. Le soir couché à la Cayolle avec les gardes Ollivier et Berthon et trois ouvriers. Semé des graines de mélèze et d’aulnes.
13 juin 1944 Clôturé la pépinière et réparé une partie des sentiers. Rentré le soir à 20h.
Partie VII. Le reboisement - Les différentes techniques employées sur Entraunes
Extraits du livret journalier des brigadiers Lance (1935 à 1940) et Susini (1940 à 1948)
Les Tournées
19 avril 1935 Tournée à Entraunes, prendre au magasin les outils suivants : forge, enclume, étau, 2 tenailles, 2 maretaux, 3 règles de maçon et à Villeneuve d’Entraunes, nous avons pris 3 masses de carriers et 5 pelles de terrassiers, départ 10h retour à 18h30, voiture 10fr.
27 août 1936 Tournée au Garret où nous avons visité l’emplacement où Mr Allée a pris la pierre nécessaire à l’empierrement de la route n° 202 au col de la Cayolle, la quantité prise est inférieure à la quantité demandée, aucun dégât n’a été commis au sol forestier. Départ 6h retour 19H.
16 novembre 1936 Tournée à Estenc, où nous avons transporté 24 couvertures destinée aux baraques du Garet et de Sanguinières, de là, le garde Roubin les a faites transportées à destination. Nous avons choisi l’emplacement où doit être installé le totalisateur. Départ à 8 h retour à 17h.
9 août 1937 Tournée au Garret où nous avons fait transporté 10 quintaux de ciment pour la construction d’une adduction d’eau. Départ à 8h retour à 19h.
21 décembre 1937 Tous les chantiers étant arrêtés en raison de la quantité de neige tombée, resté au poste travaux de bureau.
22 décembre 1937 Tournée au chantier de Villeneuve où nous avons demandé au surveillant de faire rentrer tous els outils et d’arrêter définitivement le chantier. Remis les mandats de fournitures et des congés payés, départ à 9h retour à 16h20.
29 mars 1939 Tournée à Entraunes où nous avons été délégué par Monsieur l’Inspecteur pour représenter l’administration à la dernière séance de l’évaluation foncière pour le service du cadastre. départ 8h retour 12h30.
3 septembre 1941. En tournée dans l canton de Sanguinières, jusqu’à la Roche Trouée. De retour à la cabane vers 12h. Visité le chantier des plantations et le chantier Pons pour la construction des barrages. Rentré au poste vers 19h30
13 juillet 1942 En tournée dans la série d’Entraunes avec Mr l’inspecteur adjoint. Parti à 5h30, couché au Garret.
14 juillet 1942 Continué la tournée au Garret jusqu’au Pas du Lausson, les lacs du Garet et le Mont Pelat. Rentré au poste vers 20h.
7 octobre 1942 Avec un ouvrier avons rechargé les totalisateurs de Sanguinières et d’Estenc. Celui de Gorgias était percé. Le soir rentré au poste vers 19h30. Vu à Entraunes le forgeron pour la réparation du totalisateur.
18 novembre 1942 Parti pour nous rendre dans la série d‘Entraunes, vu en passant à Villeneuve les hommes du chantier qui travaillaient à curer le lit du Bourdous. Continué notre tournée jusqu’au Garret. Vu trois ouvriers qui coupaient du bois mort pour l’hôtelier d’Entraunes. Battu les couvertures et mis de l’ordre dans les gîtes du Garret et de Sanguinières. Donné au lavage trois paires de draps et trois torchons. Monté au totalisateur pour vérification.
4 août 1947 Au Garret. Parti à 5h. travaillé au gîte du Garret à réparer un tuyau de cheminée et à le protéger contre la neige.
29 septembre 1947 monté au Garret à 6 h. Réparé captage d’eau et toiture.
Partie VIII. Le reboisement - L'évolution des reboisements
[ 215-25] Septembre 1899 Vallon de Sanguinières – Au fond Barne (2615m) Col de Sanguinières et tête du Colombier © Fonds R.T.M. 06.
[ 215bis-25bis] 1927 Reboisement du vallon de Sanguinières. © Fonds R.T.M. 06.
[1617-69] Juillet 1925 Panorama de la 4ème Division dite du Garet, avec plantation de mélèzes. Baraque forestière des agents © Fonds R.T.M. 06[/center]
[1617-69] Juillet 1925 Panorama de la 4ème Division dite du Garet, avec plantation de mélèzes. Baraque forestière des agents © Fonds R.T.M. 06[/center]
Partie IX. La pisciculture
À la lecture des livres journaliers on apprend également que les préposés des Eaux et Forêts avaient aussi une mission relative à la gestion des rivières en effectuant des campagnes d’alevinage sur les cours d’eau.
Extrait du livret journalier du brigadier Lance
9 mars 1935 Travaux de pisciculture
15 mars 1935 Travaux de pisciculture
18 mars 1935 Déversement de 40 pisciculteurs dans le Cians et le vallon des Aiguilles à Beuil, retour par Puget-Théniers, parcours en automobile 47 kms
19 mars 1935 Aidé le brigadier Beaux à la vidange de 30 pisciculteurs que ce dernier doit transporter à Puget-Théniers et à Villars
20 mars 1935 Déversement d’alevins dans le vallon de St Brès avant midi, tournée dans la soirée au Serre avec messieurs les inspecteurs Warnier et Camus, le brigadier Beaux a transporté des alevins à St Martin d’Entraunes
21 mars 1935 Déversement d’alevins dans le vallon d’Amen, départ à 6h, retour à 17h30
22 mars 1935 Déversement d’alevins dans le vallon avec le brigadier Beaux et le garde Moracchini à la source du Var, départ 6h retour 18h
23 mars 1935 Déversement d’alevins dans le vallon de Cante et tournée le soir au chantier du Serre. Le brigadier Beaux a fait le déversement au Riou de Daluis.
24 mars 1935 Aidé par le brigadier Beaux à recueillir des alevins que ce dernier a transportés à Sauze, nous sommes ensuite montés avec monsieur l’inspecteur Sarthou à Chastelonnette.
DOCUMENTS D'ARCHIVES
Partie IX. La coupe et la vente de bois
Le bois a toujours été une ressource indispensable pour les habitants. L’administration des Eaux et Forêts a dû prendre en considération les besoins en bois de construction et de chauffage. De nombreuses archives témoignent des revendications de la population locale pour l’utilisation des menus produits forestiers et des autorisations délivrées par l’Etat. Les villageois essuieront toutefois des refus d’exploitation ou de coupes forestières jugées excessives par l’administration.
DOCUMENTS D'ARCHIVES
Partie XI. Le pastoralisme
La loi du 9 juin1864 élargit les missions de l’administration forestière avec la gestion des pâturages.
Cf. Fourchy, Pierre. Un centenaire oublié - Les lois du 28 juillet 1860 et du 9 mai 1864 sur le reboisement et le gazonnement des montagnes. Revue de géographie alpine. Année 1963, 51-1, pp. 19-41.
Lire ICI
DOCUMENTS D'ARCHIVES
Partie XII. Témoignages des brigadiers du service R.T.M.
Témoignages de la vie quotidienne des préposés du service R.T.M
Les livrets journaliers du brigadier du secteur reboisement du Var Supérieur témoignent de diversité de ses activités. Il était à la tête des équipes de gardes, de surveillants ; d’ouvriers et devait régulièrement exécuter des tournées sur tout son territoire. Des photographies d’époque témoignent de ces tournées. La lecture des livrets journaliers nous montre que les brigadiers notaient aussi bien les évènements graves comme le bombardement de Péone par LA F.F.I que les aléas de la vie quotidienne.
Extrait du livret journalier du brigadier Susini Jean
La chute mortelle du garde Louis Berthon à Entraunes
22 septembre 1947 Vers 20h averti que le garde Berthon n’était pas rentré de tournée et que l’on craignait un accident. Vers 1h du matin nouvelle confirmait par le garde Ollivier
23 septembre 1947 Parti à 4h du matin pour Entraunes avec les deux gendarmes de Guillaumes pour constituer des équipes et rechercher le garde Berthon qui vraisemblablement aurait fait une chute dans un ravin de la Morière, canton des Trente Souches. Averti en passant le brigadier. Arrivé à Entraunes le garde Ollivier, les gendarmes et quelques civils sommes partis à la recherche du garde que nous avons trouvé mort dans un ravin de la Morière. IL avait fait une chute en traversant les barres rocheuses du ravin.. Le cadavre a été retrouvé à 7 h par une équipe ayant à la tête le brigadier de gendarmerie Graziani de Puget et le gendarme Richard.
Ramené le cadavre du gendarme à Entraunes vers 10h et à sa maison vers 12h.
24 septembre 1947 Assisté à l’enterrement du garde Berthon où nous avons vu Monsieur le Conservateur, Monsieur l’inspecteur Flkcher et Monsieur le Garde Général Cassioni et des collègues du secteur. Rentré à 17 au poste.
Extrait du livret journalier des brigadiers Lance (1935 à 1940) et Susini Jean (1940 à 1948) – Quelques anecdotes...
22 juin 1936 Tournée à St Martin d’Entraunes où le surveillant Toche est venu nous prévenir que le chantier du Réal était en grève
7 juillet 1937 Nous nous sommes rendus à Nice avec l’autorisation de Mr L’Inspecteur à l’occasion de l’examen de nos petites. Départs à 7h
8 octobre 1937 Nous avons été à Puget-Théniers accompagner une de nos petites au train pour Draguignan où elle va poursuivre ces études à l’école normale. L’autre a été laissé au cours complémentaire de Puget-Théniers. Départ à 14h retour à 19h
16 août 1941 En tournée au ravin du Bourdous d’Entraunes. Visité la maison dont un angle s’est écroulé sur toute la hauteur et sur 8 m de large, étions accompagné par le garde Roubin. Parti à 6h30 rentré à 19h. Vu Mr Pons qui nous a dit qu’il commençait le chantier du Garet le lundi 18 août. Reçu du brigadier Beaux les fiches de renseignements sur les montagnes pastorales.
12 octobre 1941 Occupé à scier notre bois de chauffage. De 15h à 19h à St Martin où nous avons rencontré le garde Roubin pour organiser le chantier des plantations du Garet.
15 janvier 1942 Fait envoi à Mr l’Inspecteur Adjoint accusé de réception de l’autorisation de circuler à vélomoteur et accusé réception de 6 barres d‘acier de la maison Sureau. Monté jusqu’à Entraunes remis au nouveau garde les clefs du magasin à outils et donné instructions pour la table à neige. Parti à 8h30 rentré à 16h30
27 septembre 1942. Reçu chlorure de calcium et huile de paraffine pour le rechargeur des appareils de la série d’Entraunes.
13 octobre 1942 Vers 15h sommes revenus à la barque des Garet et avons remis la clef à Mr Issautier venant de St Dalmas pour la remettre à Mr l’Inspecteur Camus. Le matin monté le pluviomètre de Gorgias réparé. Le soir descendu 8 pioches à réparer à Entraunes, le garde Bellalal ne les ayant pas encore descendu. Rentré
avec le brigadier Beaux vers 19H. Reçu note de Mr l’Inspecteur demandant certificat de scolarité de notre fille aîné, 19 bons de carburant pour Mr Tonelli et bon deux litres d’huile.
29 août 1943 Occupé au poste de ramassage des pommes.
10 septembre 1943 Vu le garde Biassini au poste ; nous a remis 6 draps, 2 serviettes de toilette, 2 torchons, trois serviettes de table du gîte de la Boulière
6 décembre 1943 Vu le garde Ollivier à notre poste. Sommes allés avec lui chez le menuisier pour lui faire acheter une paire de ski, indispensable pour ses tournées.
11 juin 1944 Au poste. Travaux personnels et arrosage du jardin collectif.
18 août 1947 A Nice. Vu docteur occuliste qui nous a examinés. Couché à Nice.
12 septembre 1947 Travaillé à arracher nos pommes de terre. Dispute avec Mr Flekcher qui nous volait des pommes. Malgré notre présence, a continué à ramasser des pommes et nous a accusés d’avoir volé son argent. Fait compte-rendu à Monsieur le Conservateur.
Extrait du livret journalier des brigadiers Lance (1935 à 1940) et Susini Jean (1940 à 1948) – La guerre
25 août 1939 Dans la matinée vers les 9h, le colonel commandant le 3ème R-I réquisitionne les locaux du gîte pour y installer ses bureaux, il s‘est également réclamé de l’autorisation verbale que lui avait donné la veille Mr le Conservateur des Eaux et Forêts à Nice. Nous avons laissé une partie du mobilier à leur disposition dont nous avons dressé un inventaire. Nous avons signalé cet état de chose à Mr l’inspecteur, chef de la commission du reboisement.
8 septembre 1939 Tourné à Péone pour reconnaître si dans la forêt communale il ne serait pas possible de trouver du bois mort en quantité suffisante pour ravitailler l’armé. Effectivement il y a du bois mort gisant, des arbres morts sur pied, mais il serait nécessaire un câble de vidange.
24 septembre 1939 Tournée à Villeneuve recruter des ouvriers pour l’ouverture d’un petit chantier. Impossible d‘en trouver, les personnes non-mobilisées étant occupées à la rentrée des récoltes.
6 avril 1940 Transmis au garde Maria un lettre destinée à Mr le capitaine commandant la 1ère Batterie du 167ème RAM et qui doit lui être remise pour le règlement du bois de chauffage pris dans la série domaniale d’Entraunes –Sanguinières.
5 juillet 1940 Tournée à Péone. Nous rendre s’il restait du stock de bois de chauffage dans les cantonnements abandonnés par les troupes. Nous n’avons rien trouvé.
13 novembre 1943 Reçu sursis de départ au service obligatoire du travail du garde Berthon.
16 décembre 1943 Vu Mr l’Inspecteur au bureau. Reçu 2 autorisations de circuler.
8 juillet 1944 Au poste. Les Forces Françaises de la Résistance ayant coupé les communications, avons été pris pour les aider au maintien de l’ordre et à organiser la bonne marche du service dans l’intérêt des populations civiles.
10 juillet 1944 Les courriers étant coupés, nous n’avons pu avertir l’Inspecteur de la situation. Avons appris que Mr Tonelli avait été arrêté. Au poste. Occupé au ravitaillement de la population.
11 juillet 1944. Avons appris que Mr Tonelli avait été relâché. Avons vu deux de ses ouvriers requis de Cannes quis ‘étaient rallier aux Forces Françaises de l’Intérieur. Ses ouvriers de Péone avaient été requis pour déblayer un éboulement à Péone. N’avons pu aller voir Mr Tonelli.
13 juillet 1944 Mr le Conservateur devant venir en tournée, sommes descendus au pont que les FFI avaient fait sauter sur la route de Daluis. Attendu jusqu’à 12h30. Mr le Conservateur n’est pas venu. Rentré au poste à 13h.
15 juillet 1944 Au chantier de Péone. Vu Mr Tonelli. Avons constaté que les 4 pneus de la voiture de Mr Tonelli avaient été percés à coup de mitraillette par des inconnus. Parti à 11h rentré à 18h30.
19 juillet 1944 Au poste. Des forces allemandes ayant attaqué les dissidents sur la route de Daluis à Guillaumes.
21 juillet 1944 Les opérations militaires se rapprochant de Guillaumes, avons été obligés de partir avec notre famille dans la campagne. Sommes montés jusqu’à Estenc avec M. le Percepteur, M. le Receveur des postes et M. l’Ingénieur des Ponts et Chaussées et leur famille.
22 juillet 1944 Au garet
23 juillet 1944 idem
24 juillet 1944 idem
25 juillet 1944 idem
26 juillet 1944 idem
27 juillet 1944 idem. Nous avons appris que les Allemands avaient quitté Guillaumes. Sommes descendus à Guillaumes où nous avons constaté que les Allemands avaient forcé la porte de la maison et fouillé dans notre appartement et dans les appartements réservés à l’administration. Des vols ont été commis au préjudice de Mr le Conservateur et de M. l’Inspecteur chef de bureau. N’avons pu en rendre compte de suite faute de communication avec Nice.
31 juillet Vers 2h du matin, 8 individus armés sont venus nous prendre l’essence qui nous restait au garage, 6 litres d’huile, 2 bidons vides de 5 litres, un entonnoir, une pelle, une pioche.
3 août 1944 monté à Péone trouver M. Tonelli pour lui faire reprendre le chantier du Réal. Vers 10h. Subi bombardement, 6 bombes sont tombées sur le village. Pas de morts. Dégâts matériels. Vu Tonelli. N’avons pu voir le Commandant des Forces Française de l’Intérieur pour laisser reprendre le travail.
7 août 1944 Reçu autorisation pour Mr Brun d’introduire 5 porcs dans les pâturages de la Cayolle.
15 août 1944 Fête du 15 août. Repos. Débarquement des alliés dans le Midi de la France.
31 octobre 1944 Au poste. Mauvais temps. Fini notre comptabilité. Cessé notre service ayant contracté un engagement à l’armée pour la durée de la guerre.
4 novembre 1944 Parti pour Nice rejoindre notre formation militaire.
1er septembre 1945 repris notre service au poste de Guillaumes.
Extrait du livret journalier des brigadiers Lance (1935 à 1940) – La voiture
25 juin 1935 Tournée avec M.M. les inspecteurs à St Martin d’Entraunes qui m’ont remis la voiture Renault Torpedo n° 9674 M 5.
29 juin 1935 Mr l’Inspecteur nous a donné des leçons de conduite dans la matinée, travaux de bureau dans la soirée.
18 janvier 1936 Resté au poste. Fait réparer la voiture d’une crevaison et nettoyage de la dynamo.
31 janvier 1936 Leçon de conduite en marche arrière, route 202 jusqu’au pont de Cante en face la division I de Guillaumes.
14 février 1936 Nous nous sommes rendus à Nice avec Mr l’Inspecteur pour régler la question de passer le permis de conduire.
20 février 1936 Nous sommes descendus à Nice pour nous rendre compte si nous pouvions affronter l’examen au permis de conduire, ayant constaté que notre entraînement n’était pas suffisant, nous sommes retournés le même jour.
24 février 1936 Leçon de conduite des voitures automobiles. Dans la matinée et dans la soirée.
27 février 1936 Nous nous sommes rendus à Nice dans la soirée où nous étions convoqués pour passer l’examen du permis de conduite dans la matinée du lendemain.
28 février 1936 Passé avec succès l’examen dans la matinée, retour à Guillaumes le soir.
2 juillet 1937 Avec l’autorisation de Mr l’Inspecteur nous nous sommes rendus à Puget-Théniers pour faire vérifier la voiture qui a des ratées au moteur.
5 décembre 1942 matinée au poste mauvais temps. L’après-midi, monté à Villeneuve distribuer les mandats. Au retour, la moto ayant dérapé sur la glace, sommes tombés et avons eu une entorse au pied gauche, téléphoné à Mr l’Inspecteur en arrivant au poste.
4 septembre 1945 Rentré de Nice vers 14h. En cours de route entre Touët sur Var et Puget-Théniers, accident de voiture au moment où nous avions doublé un camion, une voiture légère Peugeot n° 5460BA2 conduite par Mr Charles Massena, est arrivée en sens inverse et nous a coupé la route sur notre droite et est allée s’emboutir sur le devant du camion que nous venions de doubler. Avons fait prévenir la gendarmerie de Puget et avons fait toutes les constatations d’usage. Aucun accident de personne, sauf une blessure légère sous le menton du jeune Couston Henri qui se trouvait dans la voiture de Mr Massena. Dégâts matériels à la voiture de Mr Massena et au camion d e Mr Lottier de Carnolosès Roquebrune Cap Martin. En rentrant au poste en avons informé Mr l’Inspecteur adjoint.
11 septembre 1946 Pari pour aller à la Cabane de Sanguinières. Parti à 10h. N’avons pu effectuer notre tournée à cause d’une crevaison. Retourné au poste à 15h.
Partie XIII. Hier et demain...
En conclusion
De nos jours, les forêts du Val d’Entraunes font partie intégrante du paysage et participent à sa beauté. Très peu de personnes se souviennent des montagnes dénudées et érodées qui préexistaient il y a peine cent ans.
Le spectacle d’aujourd’hui est le fruit d’importants travaux humains de génie civil et de génie biologique. Ces longues années de Restauration des Terrains en Montagne ont connu de réels succès après quelques années de tâtonnements.
Un éternel recommencement
Depuis plus d’un siècle, les agents de la R.T.M. restaurent ou reconstruisent sans cesse des ouvrages qui se détériorent lors des précipitations importantes et au cours des hivers enneigés. Leurs missions sont toujours d’actualité. L’orientation générale des services R.T.M. est toujours de se concentrer sur leurs missions historiques traditionnelles à savoir la prévention des risques naturels et la correction torrentielle pour lutter contre l’érosion et ses effets.
ANNEXES
Documents d’Archives
Extraits du livret journalier des brigadiers Lance (1935 à 1940) et Susini (1940 à 1948) relatant le vol commis à la cabane des Garets
Tous nos remerciements à l'Office National des Forêts pour nous avoir permis de faire partager ce magnifique Fonds R.T.M, témoignage du formidable travail réalisé que vous pouvez constater en regardant la petite vidéo ci-dessous.
SANGUINIÈRES SEPTEMBRE 2016.m4v ©Serge Goracci - 2016