Le château de Guillaumes
Avant-propos
Vous trouverez ci-dessous les documents iconographiques qui ont illustré la conférence donnée sur le Château de Guillaumes le 11 janvier 2024 au Centre Universitaire Méditérannéen de Nice par Patrick Poirot, président de l’Association des amis du château de Guillaumes, Bernard Graille, conseiller municipal chargé du patrimoine et de la culture de Guillaumes et Jean-Paul David, maire de Guillaumes.
- Travaux d'urgence (Consolidation de la tour /Traitement des surcreusements/Question des parois bétonnées )
- Restauration de la tour (les accès / la question des enduits )
- Construction de la passerelle menant au magasin à poudres
Les travaux de 2019 à 2023
Cet ensemble militaire exceptionnel, symbolise à lui tout seul la complexité historique de ce territoire devenu frontière entre la Provence et la Savoie après la « dédition » de Nice en 1388. Cet événement majeur entraîna une nouvelle partition des territoires amenant trois souverains à construire et agrandir le château au cours du temps, passant de la Provence à la France pour revenir au Royaume de Piémont Sardaigne et enfin de nouveau à la France en 1860.
En grand péril en 2011, le château de Guillaumes dit de « la Reine Jeanne » a fait l'objet, dès 2018, d'un programme de sauvegarde et de restauration grâce la Mission Bern, et à la Fondation du Patrimoine (dons et mécénat).
Il fallait à tout prix préserver cet édifice et restituer son histoire afin de la transmettre aux générations futures, en évitant l'effondrement de la tour, tout en la confortant et la protégeant des intempéries.
C'est l’histoire de ce chantier que nous allons vous présenter.
Vue générale Façade Ouest - En haut le bâtiment médiéval - En bas le cornichon de Vauban
Le château comprend deux bâtiments distincts.
En haut, couronnant, la colline les restes du château médiéval avec au sud la tour carrée initiale datant de 1235 et au nord la tour ronde, emblématique de la présence des comtes de Provence et érigée à la fin du 14eme siècle.
En bas, les ruines du"cornichon" construit par Vauban à la fin du 17ème et détruit après 1760 en application du traité de Turin.
C’est la tour ronde ainsi que les arrachements des démolitions du bâtiment bas qui présentaient en 2018, les plus graves désordres.
Les surcreusements de la motte
Le mauvais état de l'élévation
État des lieux de la tour avant les travaux d’urgence
Les dégâts les plus graves étaient deux surcreusements importants dans la motte rocheuse qui constitue la base de la tour. Ces deux surcreusements résultaient des eaux pluviales infiltrées depuis le sommet de la tour. Il était facile de constater aussi que le couronnement en pierres situé à la base des maçonnerie se désagrégeait de jour en jour et que les maçonneries de pierre qui constituaient l’élévation de la tour étaient fortement endommagées par l’érosion . Seules les zones encore revêtues d’un enduit semblaient encore saines.
1 - Les travaux d’urgence
La consolidation de la tour
Il apparaissait de plus en plus urgent d’intervenir si l’on voulait conserver la tour, toutefois les sommes à engager étaient importantes pour la commune. C’était sans compter sur la Fondation du Patrimoine qui proposa de présenter le dossier au premier appel à projet de la mission « Bern ». Par chance, la commune disposait d’études archéologiques et d’une étude globale réalisées dés 2004, respectivement par Mr et Mme Poteur, archéologues puis par Mme Agnès Sourd Tanzi, architecte du patrimoine. La candidature du château a donc pu être rapidement élaborée et présentée.
Travaux d’urgence - Le traitement des surcreusements
Travaux d’urgence - Le traitement des surcreusements
La technique préconisée par les différents géotechniciens consultés, est celle des ancrages dans le rocher. Plus de dix « clous » d’ancrage (soit environ 200mètres) ont été réalisés dans le cadre de travaux acrobatiques.Le dispositif a servi à maintenir des parois de béton armé, avant comblement des espaces.
Pendant le forage, un capteur vibratoire et des cibles topographiques ont été mis en œuvre pour le suivi des mouvements éventuels et des vibrations liées aux travaux de forage sous la tour.
Le traitement des surcreusements
les ancrages
les perforations
La question des parois bétonnées
Comme nous pouvons le voir sur les photos ci-dessus, la technique employée laisse en évidence des parois bétonnées dont l’aspect est peu compatible avec celui d’un bâtiment médiéval . C’est alors que s’est posée la question de l’habillage de ces parois. Les premiers échantillons proposés par l’entreprise ne donnant pas entière satisfaction, il a été décidé de sursoir à l’exécution et de laisser du temps à la réflexion, jusqu’à la phase de travaux suivante.
Fin des travaux d’urgence
A la fin des travaux d’urgence la motte rocheuse sur laquelle est posée la tour est consolidée, les maçonneries sont étayées, des tirants maintiennent les murs circulaires.
L’ouvrage est sauvé. Reste maintenant à le restaurer de même que la courtine adjacente, le magasin à poudres, le mur Nord du logis central et tous les ouvrages qui s’y rattachent.
C’est la deuxième phase des travaux.
2 - La restauration de la tour
Aquarelle d'Alexis Mossa
Les travaux de restauration de la tour - La question des accès
Les échafaudages ont un rôle vital dans la restauration du patrimoine architectural. Lors des travaux de réfection de la tour ce rôle est mis en lumière, l’échafaudeur ayant conçu une passerelle pour accéder directement à la tour depuis la route qui mène à Bouchanières. L’échafaudage qui ceint les murs de la tour circulaire est particulièrement spectaculaire.
Le traitement des parois bétonnées
L’entreprise a proposé de reconstituer le terrain et a mis en œuvre pour cela un mélange de matériaux de carrière identique à la roche existante.
La motte rocheuse a ainsi retrouvé son aspect initial.
La question des enduits
Le constat a été le suivant:
La tour conserve des parties importantes de l’enduit qui la recouvrait.
Les pierres devenues apparentes par suite de la dégradation des enduits sont des matériaux de remplissage de formes diverses, érodées par les intempéries et impropres à la confection d’un parement.
Il a donc été retenu pour la tour de reconstituer les enduits dans leur texture et leur couleurs initiales ; pour la courtine qui conservait de belles pierres de taille, il a été choisi de remplir uniquement les joints au mortier de chaux.
3 – La construction de la passerelle d’accès au magasin à poudres
Les murs qui soutenaient le chemin d’accès au magasin à poudres avaient en grande partie disparu lors des démolitions commandées par le traité de Turin. Leur reconstitution en l’état était impossible.
L’administration a alors donné son autorisation pour construire une passerelle d’accès épousant exactement le tracé du chemin primitif.
La conception de la passerelle en 3D
La conception de la passerelle a fait l’objet de plusieurs études et contrôles.
L’entreprise de métallurgie d'art Molinelli a présenté plusieurs ébauches sous la forme de vues en 3 dimensions.
Les détails de matériaux de la passerelle et du garde-corps (caillebotis, filets métalliques) ont été étudiés par Mme Sourd Tanzi, maître d’œuvre, Architecte du Patrimoine, pour donner un sentiment de transparence et de légèreté.
Filets pour garde-corps de la passerelle
L’entrée du château et la citerne
La nouvelle passerelle permet d’accéder non seulement au magasin à poudres mais aussi de sécuriser l’entrée du logis central et le passage au dessus de la citerne. Elle permettra dans un second temps l’accès à la tour. La main courante qui sécurise l’accès au château a été offerte par l’Association Culturelle de Guillaumes grande sœur de l’Association des amis du château de Guillaumes
Les escaliers et la passerelle
Et maintenant ?