Saint-Martin d'Entraunes

. La paroissiale de Saint-Martin d'Entraunes

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Eglise Saint-Martin
fin XIIIème siècle, modifications 2ème tiers du XVe, portail vraisemblablement du XVe.

Mentionnée pour la 1ère fois dans les sources écrites en 1153 (1), le fait qu’un castrum en porte le nom dès 1183 laisse entendre selon Poteur (2) qu’elle pourrait être plus ancienne et que l’église actuelle ne serait qu’une reconstruction de ce premier édifice.

L’église Saint-Martin est régulièrement appelée Saint-Martin de Nogairet durant le Moyen-Âge, dénomination qui s’appliquerait non à l’église mais à l’agglomération. Nogairet (3) serait donc le nom du territoire dont la vieille église Saint-Martin pouvait être la paroisse avant la fondation du castrum.
Longtemps considérée comme une ancienne chapelle templière par les chercheurs de trésor, elle recèlerait un trésor de la commanderie voisine. Les historiens ne semblent pas convaincus de la présence templière (4) dans notre haut pays malgré les certitudes du brillant érudit Paul Canestrier qui dans sa France Rustique (p.19) affirme en 1934: Les insignes des chevaliers du Temple (croix, glaive cruciforme, étoiles flamboyantes, tête de bélier, de démons, visages humains imberbes ou très barbus), sont sculptés sur le beau portail de l’église Saint-Martin, sur les bénitiers monumentaux.. . Puis apparaîtra beaucoup plus prudent dans sa présentation de l’église Saint-Martin en 1954 en évacuant toute évocation templière : l’église paroissiale St-Martin a un curieux portail de colonnettes et de pilastres engagés avec un arceau marqué du croissant, du soleil, du glaive cruciforme. Les chapiteaux des colonnettes intérieures représentant des têtes de béliers (...) un cadran solaire beaucoup plus tardif à l’inscription : me sol vos pastor regit, le soleil est mon guide, le pasteur est le vôtre » (5).

Toutefois notons avec Thévenon (6) que ce serait en cherchant le trésor des templiers que le curé Thiébaud découvrit en 1921, dans une niche (ancien enfeu ?) de l’église de Saint-Martin, des peintures de Saint-Blaise, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Roch avec sur l’intradas de l’arc, un Père Eternel bénissant de la main... gauche, aberration du modeste décorateur qui exécuta cet ensemble maladroit aux alentours de 1600.

Alexis Mossa tout à l’enthousiame de la découverte se montre plus indulgent avec l’artiste « révélé » et nous donne un compte rendu d’une précision d’entomologiste (voir 2.4 couvent, prieuré et rêveries templières).

A. Mossa
Au centre : "Réduit peint à la fresque". Fonds Mossa, 136/13 dossier n° 30.
© Bibliothèque du chevalier de Cessole - Nice.

"Si quelque chose était inattendu c’était bien l’hypothèse qu’il y eut des fresques à l’église de St-Martin d’Entraunes … nous fûmes d‘abord sceptiques nous connaissions si bien que nous avions fouillé dans tous les coins nous crûmes à une erreur soit de lieu soit sur le genre de peinture […]L’église de St Martin est fort ancienne puisqu’au dessus de son entrée principale on voit les signes particuliers que les templiers gravaient sur beaucoup de leurs édifices. Elle est donc du Xe siècle ….Le curé ayant entrepris certains aménagements à cet autel eut le regard attiré par quelques centimètres de peinture murale, oh ! un tout petit fragment d’ornement. Au courant de nos recherches sur les fresques niçoises il eut l’heureuse inspiration de penser qu’il se trouvait en présence de quelque chose dans ce genre et sachant comment nous procédions en pareil cas il entreprit d’élargir la révélation en faisant sauter la chaux par petites écailles ; il se trouva bientôt en présence d’une bordure en torsade suivant la courbe d’une partie du cintre, puis vers le sommet de ce cintre un restant de Christ en croix mais la peinture ne se prolongeait pas en dessous de la courbe : il réfléchit et eut l’intuition qu’il y avait là primitivement un arc qu’on avait rempli, il entreprit un sondage en attaquant le mur en dessous de la courbe et ne tarda pas à découvrir qu’il y avait là un vide bouché par une murette, élargissant l’ouverture il se trouva en présence d’un grand trou noir, y introduisant un bout de cierge allumé il eut l’apparition fantastique de trois personnages qui étaient là depuis plusieurs siècles, nouveaux inmurés. C’étaient St-Jean-Baptiste, St-Blaise et St-Roch qui revenaient à la lumière..."(7)

À lire :

Imbert Léo, Les chapelles saintes du pays niçois (suite et fin). 1951 n° d'article : 157. Nice historique p.69 (Entraunes, Saint Martin d’E., Sauze)

Les Routes du sacré Cercle Bréa et le Conseil Général des Alpes Maritimes, Les routes du sacré, à la découverte du patrimoine religieux des Alpes Maritimes, 2014. p. 42, notice présentative par Luc Thevenon. et p.42, notice présentative par Germaine Leclerc du retable de la Vierge du Rosaire de François Brea (1555).

À voir notamment : François BREA, Polyptique de la Vierge du Rosaire (1555). Joseph ANDRÉ, St-Martin entre St-Arige et le bienheureux Amédée IX de Savoie (1690).




. Eglise Sainte-Marie

Localisée à mi-chemin entre Saint-Martin d'Entraunes et Villeneuve d'Entraunes non loin du hameau des Filleuls, elle est mentionnée en 1183 puis en 1320 (8) dans le catalogue des possessions de l'abbaye St Eusèbe de Saignon. Cette église n'apparaît pourtant pas dans la toponymie du territoire de St Martin d'Entraunes à l'exception d'une mention dans la carte de Bourcet sous la titulature de Ste Marthe ou de Ste Marie (9), mention qui disparaît brutalement des cartes après 1748. Jean-Claude Poteur laisse entendre qu'elle aurait peut-être disparu suite à une catastrophe naturelle (crue). Ce dernier (10) note aussi que le personnage principal du retable de François Bréa datant de 1555, aujourd’hui dans la paroissiale de Saint-Martin, représentant la Vierge entre Saint-Martin et Saint-Blaise, ne correspond curieusement pas à la titulature de l’église dans laquelle il est conservé et se demande s’il ne proviendrait pas de cette église Sainte-Marie.
L'existence de cette église Sainte-Marie reste donc encore à ce jour relativement énigmatique pour les historiens.